International Menuhin Music Academy

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Masterclass mit Renaud Capuçon

Le violoniste Renaud Capuçon, directeur artistique de l’International Menuhin Music Academy, a donné en cette fin de semaine un cours magistral aux jeunes virtuoses de l’académie en résidence au Rosey Concert Hall.

Renaud Capuçon, très concentré, un stylo à la main et une partition sur les genoux, est assis face au jeune violoniste Chaofan Wang. L’étudiant chinois, un des virtuoses en formation à l’International Menuhin Music Academy, interprète le concerto pour piano et violon en La majeur de Schubert. Si le cours magistral dispensé par le nouveau directeur artistique de l’académie débute de façon classique, ce vendredi au Rosey Concert Hall, il prend très vite une tournure plus dynamique.

Après quelques minutes d’une écoute silencieuse et presque religieuse, le célèbre violoniste français se lève. Il commence tout d’abord par accompagner du geste le jeune virtuose puis par chanter la mélodie pour lui faire comprendre l’intention à donner à l’œuvre. Enfin, entre en scène, naturellement et presque furtivement, son propre violon, l’illustre Guarnerius del Gesù, de 1737. Renaud Capuçon s’en empare et interprète quelques notes. Irrésistible de jouer pour le maestro? «C’est parfois plus facile de montrer. On ne trouve pas forcément les mots à chaque fois et il y a un mimétisme inconscient chez l’élève qui fait qu’il va reproduire plus facilement un phrasé que vous lui avez fait entendre que si vous l’aviez analysé avec des mots.»

Une leçon riche, nuancée et gourmande

Et pourtant, le musicien les a trouvés, utilisant tour à tour un langage technique, tout en nuances, peu accessible aux béotiens, mais faisant appel également à des images très concrètes. «Vous jouez comme si vous marchiez en regardant le sol, il faut prendre de la hauteur afin que l’on puisse admirer tout ce qu’il y a autour», commentait-il, mimant lui-même, par la suite, une marche fluide, afin d’inciter le jeune musicien à jouer de façon moins saccadée et plus ample. Et de lancer encore, entre suggestions de jeu, encouragements et compliments: «Vous jouez comme un vieil homme qui se souvient de ce qu’il a appris autrefois, soyez plus vivant aujourd’hui!» 

Une image marquante et inspirante, de l’aveu même de Chaofan Wang, à l’issue du cours. Le jeune virtuose participait au troisième cours magistral dispensé par le violoniste français qui en prévoit quatre par an. «J’apprends beaucoup avec Renaud Capuçon, il nous donne des indications qui nous permettent de jouer complètement différemment.» «Chaofan Wang a une très belle sonorité et il joue magnifiquement. Mais il veut trop faire de musique en y mettant trop d’intentions. Je lui ai recommandé de jouer Schubert le plus simplement possible. C’est une musique tellement pure. Je lui ai dit que c’était comme s’il allait dans un grand restaurant et qu’il rajoutait du ketchup et des condiments au menu préparé par un grand chef, cela gâcherait le plat. La beauté est dans la simplicité.» Vendredi et samedi, six jeunes violonistes ont ainsi bénéficié de l’enseignement du maître.

Mais que retire donc à leur contact le musicien aux multiples talents, aussi bien en tant que soliste, chef d’ensembles ou à la tête de nombreux festivals? «Une perpétuelle réflexion sur soi-même. En essayant de les faire progresser, vous progressez vous-même. Ils vous donnent de l’énergie et vous permettent de rester jeune. J’apprends énormément d’eux», affirme le violoniste du haut de ses 44 ans.

Renaud Capuçon enseigne d’ailleurs le violon à la Haute Ecole de Musique de Lausanne depuis 2014, où il a également créé un ensemble composé d’étudiants. Il sera en outre le nouveau directeur artistique de l’Orchestre de chambre de Lausanne (OCL) à compter de la saison 2021-2022. D’aucuns lui reprochent d’assumer trop de mandats. «C’est une question d’organisation, répond-il simplement. Si on doit dormir douze heures par nuit, cela ne fonctionne pas! Je fais les choses pour les faire bien, sinon j’arrête!»

PAR JOCELYNE LAURENT, LA CÔTE (11.07.2020)